De nombreux professeurs emploient pour enseigner la dactylographie, "sans regarder le clavier", des système divers. Un certain nombre utilisent des machines à clavier muet et obligent les élèves à regarder, pendant qu'elles tapent leurs exercices, un tableau mural qui reproduit le clavier en clair. D'autres disposent au-dessus du clavier une sorte de petit banc qui permet de taper sans voir le clavier ni les mains. Les partisans de ces procédés ne nient pas la gêne considérable qu'ils provoquent chez l'élève et reconnaissent qu'elle retarde leur apprentissage. Ils arguent que l'élève doit apprendre à "taper sans regarder le clavier" s'il veut atteindre une bonne vitesse de copie. Cette théorie repose sur une idée raisonnable, mais déformée. Il est exact qu'on n'apprend que les gestes qu'on fait. Lorsqu’un élève a appris à taper en regardant le clavier, il est obligé, au moment où sa vitesse devient trop élevée pour qu'il puisse contribuer à le faire, de procéder à un nouvel apprentissage. Il perd à ce moment un temps considérable. De plus, l'effort est tellement pénible que beaucoup reculent et se contentent de ce qu'ils font, donnant les pseudo-professionnels qu'on est navré de rencontrer en grosse majorité dans presque tous les bureaux. S'ensuit-il qu'on doive enseigner à taper en aveugle et – qu'on excuse une toute petite exagération – à copier les yeux fermés? évidement non. Les dactylographes rapides ne copient pas n'importe comment. Leur texte doit être placé dans une position déterminée. L'habitude la plus courante est de le poser à plat sur la table à gauche et le plus près possible de la machine. Le dactylographe, lorsqu'il copie dans cette position, tenant ses yeux fixés sur le texte à reproduire, n'aperçoit-il pas le clavier ? J.H Estoup Congrès International De l'Enseignement Technique (C.I.D.E.T) à Rome, le 3 décembre 1936